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Le Declic de l'info

Il y a quatre ans, l’ancien secrétaire à la fédération communal du Mouvement Pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Bangangté dans le Ndé, dans la région de l’Ouest Cameroun, a été arrêté à la suite des marches blanches de janvier 2019. Embarqué, il a été conduit à la prison centrale de Yaoundé la capitale politique du Cameroun, puis la prison de Mfou. Nana Nana Serges a passé 24 mois en détention arbitraire et abusive, accusé d’hostilité à la patrie, de rébellion, d’outrage au chef de l’État et de participation à des manifestations illégales. Libéré le 4 décembre 2020, il en est ressorti affaibli par les mauvais traitements subi en prison.
Pour le président du MRC, Maurice Kamto, toutes ces arrestations marquent un pan sombre de l’histoire du Cameroun, caractérisé par de graves violations des droits de l’homme. L’ancien détenu, Serges Nana Nana, revient sur cette épreuve dans cet entretien.

ST: Quel souvenir gardez-vous de cette année 2019 ?

SN : Cela fait quatre ans que nous avons été arrêtés, emprisonnés, suite à notre participation à des manifestations pacifiques. Le 26 janvier 2019, alors que j’étais secrétaire à la fédération communal du MRC, j’avais déposé une déclaration de manifestation auprès du sous préfet, sans obtenir de réponse. Notre arrestation a été brutale. Nos vies ont été bouleversées, mais aussi celles de nos familles et de ceux qui nous ont arrêtés. Cette expérience a mis en évidence le caractère non démocratique de notre régime. Pourtant, le droit de manifestation pacifique est garanti par la Constitution et par les traités internationaux ratifiés par le Cameroun. Nous étions trois à être arrêtés et transférés à Kondengui après être passés par Bafoussam, la Direction de la police Judiciaire (DPJ) d’Élig Essono puis le tribunal militaire.

ST : Après ce vécu, quel message adressez-vous à l’opinion publique, notamment aux acteurs de la société civile ?

SN : J’appelle les observateurs de la société civile et la communauté internationale à ne pas rester passifs face aux violations des droits de l’homme dans nos prisons. Il est urgent de mener des actions concrètes pour améliorer les conditions de détention et garantir le respect des droits fondamentaux de tous les détenus.

ST : Pensez-vous que vos actions ont porté leurs fruits ?

SN : Absolument. Nos manifestations n’avaient pas pour seul objectif de dénoncer le hold-up électoral, mais également de mettre en lumière la crise anglophone et les problèmes liés à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations. Grâce à nos actions, l’opinion internationale a été sensibilisée à la situation au Cameroun, ce qui a conduit le groupe de travail de l’ONU à émettre un avis demandant la libération immédiate des prisonniers politiques et leur dédommagement. Malheureusement, les problèmes pour lesquels nous nous sommes battus, comme la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, sont toujours d’actualité.

ST : Quel message souhaitez-vous adresser à la jeunesse ?

SN : Un Cameroun nouveau est possible. J’invite tous les Camerounais à s’inscrire massivement sur les listes électorales en vue des prochaines échéances. C’est en étant nombreux à voter que nous pourrons imposer le changement. Malgré les épreuves que j’ai traversées et qui m’ont réduit à 40% de ma mobilité, je reste engagé dans la lutte pour la démocratie. J’ai certes démissionné de mon poste de secrétaire à la fédération communal pour me concentrer sur ma santé, mais je demeure un militant actif au sein du MRC. Nous ne devons jamais baisser les bras.

Propos recueillis par Sorelle TEUSSOP

Une réflexion sur “ Serges Nana Nana : « une reconstruction difficile, mais l’espoir d’un Cameroun nouveau demeure inébranlable ».

  1. Nana Serge reste pour moi un mentor puisque c’est grâce à sa détermination, courage et force qui m’ont poussé à m’engager dans la lutte pour le changement au Cameroun

    Monsieur Nana reste et demeure un modèle pour la jeunesse

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